RésuméSpécialiste reconnu des littératures de l’imaginaire, Arnaud Huftier, chercheur à l’Université de Valenciennes, a déjà publié plusieurs ouvrages sur Jean Ray, sur le fantastique, Claude Seignolle et Rosny Aîné. Il collabore régulièrement aux revues “Otrante” et “Le Rocambole”. Malpertuis est le premier roman fantastique de l'écrivain belge Jean Ray, publié en 1943. Le fantastique repose sur les grands mythes grecs et l'abolition de l'espace et du temps.
Lorsque dans son roman Malpertuis (1943) l’auteur belge Jean Ray insère les divinités de l’Olympe dans des baudruches humaines et dans la société contemporaine, il leur fait adopter les critères de la petite bourgeoisie, où mesquinerie et vénalité l’emportent. Dès lors, si les divinités laissent uniquement « parler » leurs corps, s’adonnant aux plaisirs de la chair, les sens l’emportent et l’essence est en sommeil. Vingt-six ans plus tard, le roman de Michel Tremblay, La Cité dans l’oeuf, s’ouvrait par une épigraphe tirée du récit de Jean Ray ainsi que des épigraphes déjà utilisées par Jean Ray (dont notamment celle de Voltaire : « De la croyance des hommes sont nés les dieux »). De même, les plans des deux ouvrages s’avéraient presque similaires. Pourtant, La Cité dans l’oeuf se contente apparemment de ces similitudes de surface, le texte renvoyant essentiellement à la « mythologie » créée par H.P. Lovecraft, faisant la part belle à la tératologie avec la découverte d’un panthéon aux noms auparavant inconnus. Comment expliquer alors le système de reprise, qui s’arrête, pour les exégètes, à un simple hommage ? Il nous semble au contraire que Michel Tremblay a parfaitement lu le roman de Jean Ray, et l’a lu selon une perspective belge : si le mythe de la société, qui phagocyte tout, s’impose, c’est non seulement l’image stérilisante de la petite bourgeoisie qui est proposée, mais c’est aussi l’image de la Belgique, qui n’a plus de place dans l’Histoire. Dans cette perspective, les divinités de l’Olympe, restées en attente sur une île de la mer Égée, sont contaminées par l’esprit contemporain qui n’attend plus rien, si ce n’est la reproduction infinie d’un système autorégulé. Ainsi, s’il reprend par les épigraphes les phrases-clé du récit, il retourne l’argument, pour le réécrire selon une perspective québécoise. Il propose en effet des êtres en attente, qui partent du réel québécois pour s’inventer de nouveaux dieux, pour se comprendre à travers eux, et jauger l’avenir. S’il refuse de la sorte la mythologie préexistante, s’il refuse de s’enferrer sur le mythe de la société avec la fuite dans l’imaginaire, le roman peut parfaitement se lire à la lumière de la révolution tranquille au Québec. On se propose donc ici de relire ses deux récits, non seulement en vis-à-vis, mais aussi par rapport à leurs zones d’inscription, et ce que représentent leurs utilisations du mythe lorsqu’il renvoie à des effets de fantastique. |
|||
SynopsisArnaud Huftier's research interest is Belgian literature. Huftier has authored numerous books and articles, including Stanislas-Andre Steeman. Aux limites de la fiction policiere (2006) and De onmogelijke Vertaling: de Nederlandstalige Belgische fantastische literatuur / L'impossible Traduction: le fantastique belge d'expression neerlandaise, De Tijdlijn (2004). He received a PhD in French literature from Ecole normale superieure in Paris. He will present in this talk the movie Malpertuis, adapted from the novel of the belgian writer Jean Ray. Jean Ray is the best-known pseudonym among the many used by Raymundus Joannes de Kremer (8 July 1887 – 17 September 1964), a prolific Belgian (Flemish) writer. Although he wrote journalism, stories for young readers in Dutch by the name John Flanders, and scenarios for comic strips and detective stories, he is best known for his tales of the fantastique written in French under the name Jean Ray. Among speakers of English, he is famous for his macabre novel Malpertuis (1943), which was filmed by Harry Kümel during 1971 (starring Orson Welles). He also used the pseudonyms King Ray, Alix R. Bantam and Sailor John, among others. |
|||
L'invitésrc: http://www.cerli.org/actualites/Jean%20Ray.pdf Enseignant-chercheur à l’Université de Valenciennes et du Hainaut-Cambrésis, comparatiste, Arnaud Huftier s’est spécialisé dans la littérature belge (francophone et néerlandophone). Il a notamment dirigé des ouvrages sur le roman policier belge, J.H. Rosny aîné, et publié des essais sur le fantastique néerlandais et sur Stanislas-André Steeman. Avec Les Frontières du fantastique (en collaboration avec Roger Bozzetto), et ses livres sur l’Homme artificiel, Claude Seignolle ou H.R. Haggard, il s’affirme comme un spécialiste reconnu des littératures de l’imaginaire. Il synthétise dans son dernier livre (Jean Ray, l’alchimie du mystère) ses travaux de recherches et d’édition sur Jean Ray/John Flanders.
|
|||
L'écrivainsrc: http://www.cerli.org/actualites/Jean%20Ray.pdf
Liens: |